Le pitch de votre entreprise ?
O.D : Créée en 2014, Xenothera développe de médicaments biologiques innovants dans le domaine de l’immunologie, en particulier des greffes d’organes. Empêcher le rejet aigu du greffon, c’est l’objectif poursuivi par les premiers travaux de l’entreprise qui a mis au point des traitements moins nocifs que ceux utilisés couramment.
Xenothera détient un brevet sur cette technologie initiale, dans les applications liées à la transplantation et dans lequel des animaux humanisés servent de système de bioproduction.
Elle se positionne sur un marché mondial de la transplantation de 1 milliard d’euros. Leur 1er produit, injecté au patient au moment de recevoir un greffon, permettant d’éviter les rejets, pourrait être mis sur le marché fin 2023 début 2024. Au fur et à mesure, l’équipe a découvert que cette technologie était applicable à d’autres domaines. Xenothera a alors élargi sa palette d’intervention et a dans son pipeline des produits dans le domaine de l’infectieux et dans celui du cancer.
Des résultats à donner maintenant ?
O. D : 7,5 millions ont été levés au total par cette spin off du CHU de Nantes (dont 6 par le biais d’investisseurs privés). Elle détient 4 brevets mondiaux (en cours) et 3 produits en développement dont 1 en phase clinique et 2 en pré-clinique.
Xenothera compte 8 salariés et 70 actionnaires. Odile Duvaux précise qu’elle souhaite lever entre 30 et 50 millions d’euros dans les 3 ans qui viennent.
S’il faut remonter à l’origine ?
O. D : Odile Duvaux tient à souligner l’importance du contexte scientifique favorable dans lequel elle a décidé de créer cette entreprise, sur la base des recherches et idées du Professeur Jean-Paul Soulillou.
En effet, Nantes s’est longtemps positionné comme un des premiers centres européens de transplantation. Plusieurs expertises s’y sont développées :
- La prise en charge des transplantés
- Une expertise en immunologie fondamentale
- Une expertise en xénotransplantation
Parmi les fondateurs de Xenothera, en dehors de Jean-Paul Soulillou, cite les scientifiques renommés comme Emanuele Cozzi, Cesare Galli, Jean-Marie Bach, ainsi que les entrepreneurs de métier. Les échéances de développement annoncées étant compatibles avec celles des investisseurs privés, Odile Duvaux a réussi à lever 1 million d’euros dès la création de l’entreprise, ce qui est venu nourrir le développement et la recherche.
Un moment décisif ?
O. D : Début 2017, Xenothera a connu un tournant : la démonstration chez le primate que leur produit allait fonctionner chez l’homme. 3 ans avaient été nécessaires pour arriver à ces conclusions alors que l’on espérait que 6 mois suffisent…
Des accélérateurs de parcours ?
O. D :
- Sur le plan financier ce sont les Business Angels et notamment ABAB qui a constitué un fort accélérateur avec une mise de plus d’un million d’euros au total. D’une manière générale, les investisseurs ont été et sont toujours un fort soutien pour l’entreprise. Odile Duvaux a trouvé 25 % du tour de table dans son réseau de chefs d’entreprises.
- Sur le plan de l’environnement, l’intégration des équipes dans un écosystème académique et hospitalier performant constitue véritablement un atout. La dirigeante témoigne également de l’importance de prendre du recul, comme par exemple faire partie d’un club de dirigeants (l’APM en l’occurrence) . Elle déplore d’ailleurs l’absence de club de patrons de Biotechs, car un de ses principaux sujets est le besoin de coopération du chef d’entreprise.
Des obstacles ?
O. D : En dehors des obstacles scientifiques courants (2 mauvaises nouvelles pour une bonne dans le meilleur des cas), les difficultés à trouver des fonds constitue un obstacle. Les erreurs des sous-traitants (CMO) ont, à ses dires, beaucoup handicapé l’entreprise, lorsque par exemple un produit très précieux résultant de 6 mois de travail est perdu par erreur humaine.
Que vous reste-t-il à conquérir ?
O. D : Xenothera recherche 30 à 50 millions dans les 3 prochaines années pour accélérer l’obtention des résultats sur l’ensemble de ses produits.
« Ce qui est déterminant c’est avoir de l’argent pour aller vite. Pour le 1er produit on arrive aux phases cliniques qui coûtent cher, pour les autres, il faudrait staffer l’entreprise pour bénéficier pleinement de l’effet d’expérience »
Leur 2ème produit, en phase 1 début 2021, vise le marché de l’infectieux qui pèse 50 milliards d’euros.
L’indispensable pour une chef d’entreprise innovante ?
O. D : Se connaître ! Pour vivre cette expérience et cette vie, elle a besoin de se ressourcer. Très sportive, Odile Duvaux concilie équilibre physique et spirituel, tout en étant entourée des personnes dont elle a besoin, son mari et ses enfants.