7 ans aux USA
Après avoir effectué une partie de sa thèse au Japon, Pierre-Antoine Gourraud suit en 2009 son épouse qui monte la filiale d’un groupe français aux USA dans la baie de San Fransisco. Reconnu pour son expertise sur la génétique des gènes HLA, qui sont la carte d’identité génétique pour les transplantations et les maladies de l’immunologie, un groupe américain, un des leader mondiaux sur la sclérose en plaques, lui propose un post doctorat. « Je suis rentré par la petit porte dans le recherche américaine, j’ai trouvé cette expérience très libérante car on ne vous demande ni votre âge, ni vos diplômes, ni votre couleur politique ni rien, la seule chose qui compte c’est What you deliver ? Ce que l’on produit vraiment. »
Le retour en France
Séduit par le dynamisme de l’ITUN et de l’IHU CESTI, il a souhaité rejoindre la communauté universitaire nantaise.
« À Nantes et en France, des efforts de longues haleine ont permis de récolter une mine d’or : des informations cliniques, immunologiques et génétiques sur plusieurs types de transplantations ainsi que sur l’auto-immunité dans la sclérose en plaques. La communauté scientifique nantaise est un site d’intégration idéal pour moi, c’est un environnement stimulant pour une recherche de niveau international.» explique-t-il.
La fibre entrepreneuriale
Pierre-Antoine Gourraud a créé MethodOmics (www.methodomics.com) en 2008, société de service qui prolonge l’expertise qu’il a développé dans le milieu académique et qui le propose sous forme de service. Elle traduit son appétence pour la méthodologie et les méthodes « omiques » , génomiques, transcriptomiques, protéomiques, métabolomiques, lipodomiques… Il y occupe aujourd’hui des fonctions exclusivement scientifiques.
Au début des années 2000 : la biologie était en train de changer, mue par une nouvelle capacité technologique qui prenait le relais de la biologie moléculaire et générait des données en très grand nombre. Cette masse de données, il était intéressant de la manipuler, la résumer, l’analyser. C’est l’objet de Methodomics, qui transforme la donnée en information interprétable. L’entreprise dont le siège est en Vendée, compte 17 collaborateurs à temps partiel, ses salariés sont regroupés dans un établissement secondaire à Toulouse et réalise 250K€ de CA.
Encourager les jeunes doctorants à entreprendre
Il encourage les jeunes doctorants à se lancer et aime à rappeler à ses étudiants qu’il faut savoir développer une « culture positive de l’échec », c’est selon lui « la grande force des américains ».
Il a monté une entreprise aux USA qu’il a fermé au bout de 18 mois faute d’accord de PI. « Dans une expérience ratée il y a beaucoup plus d’interrogations et donc de leçons à prendre que dans un semi- succès, ça m’a servi pour de nombreux projets. »
Plus d'entrepreneurs dans les Universités
Avec une double culture universitaire et entrepreneuriale, Française et Américaine Pierre-Antoine Gourraud perçoit un potentiel énorme de valorisation des travaux de recherche menés au sein des Universités. Il regrette que que la plupart des cadres scientifiques n’ait qu’une conscience vague du monde de l’entreprise, et il espère ouvrir les portes des laboratoires aux entrepreneurs et réciproquement ouvrir les entreprises aux universitaires.
« Il s’agit d’être capable de reconnaître des opportunités de valorisation et de mettre en place ou actionner les relais nécessaires. La vraie difficulté pour les scientifiques, c’est d’arriver à comprendre la place de la science, nécessaire mais pas suffisante dans la création d’une entreprise et l’ innovation industrielle. Il y a un véritable hiatus entre l’innovation et comment une offre de service ou un nouveau produit va s’insérer sur le marché. Ce fossé, le scientifique ne le voit pas car on ne l’a jamais vraiment sensibilisé à cela. »
De part, son expérience américaine, il dit avoir subi un « électrochoc entrepreneurial » au gré de ses rencontres avec des leaders charismatiques de la Silicon Valley. Le business établit sa feuille de route à lui ! Avant de s’interroger sur les détails de la Science il faut savoir répondre aux : qu’est-ce que je vends, à qui, à combien, qui décide, qui paie, qui régule, de qui j’ai besoin pour le faire ? car l’entreprise comme la science est une aventure collective.
Le défi de la prise en charge des patients dans le futur
Lors d’un petit déjeuner atlanpolitain sur le thème du numérique au service de la santé, Pierre-Antoine Gourraud a fait une intervention remarquée sur une problématique qui lui est chère : la prise en charge des patients dans le futur.
« On a la chance d’avoir à Nantes bientôt un nouvel hôpital : un hôpital numérique. Au-delà de la digitalisation, c’est une opportunité pour changer les pratiques. Le numérique ne se résume pas a la dématérialisation, il est une opportunité de modifier profondément les prises en charges, les interactions avec les patients. Les conséquences sont énormes pour le marché de la santé au sens large ; il faut prendre en compte au moins trois acteurs qui sont bien distincts dans la Santé: celui qui (devrait) bénéficie(r) : le patient, celui qui décider d’utiliser : le soignant et celui qui paie (l’assurance santé ou la sécurité sociale). »
Pierre-Antoine Gourraud s’intègre rapidement dans l’écosystème nantais trouve très intéressantes toutes ces initiatives. Il n’a d’ailleurs pas hésité à proposer à Atlanpole et son réseau une rencontre avec Franck Le Ouay, fondateur de Critéo à Nantes en novembre dernier qu’il recevait dans le cadre des ateliers « Big Data et médecine Personnalisée » de L’Université de Nantes.